« Pour prix de votre obéissance à ces lois et de votre fidélité à les accomplir, l’Eternel … sera fidèle aussi au pacte de bienveillance qu’Il a juré à vos pères. Il t’aimera, te bénira. (…) écartera de toi tout fléau… » (Dévarim VII, 12-13-15).
Rav explique : « tout fléau » c’est le ayin harà, le mauvais œil (Baba Métsia 107b). Car comme disait Rav, après avoir « inspecté » un cimetière, sur cent personnes, quatre-vingt-dix-neuf meurent, prématurément, à cause du mauvais œil, contre une seule, en son temps, de mort naturelle (Rachi).
Le mauvais œil n’est pas une superstition ridicule, non plus un pouvoir maléfique dont disposeraient certains, mais une véritable force destructive que D… a placé dans ce monde et que le regard de tout un chacun peut déclencher. C’est pourquoi la bénédiction demeure sur ce qui est caché.
Hagar, se trouvant rapidement enceinte, avait eu une attitude méprisante vis-à-vis de Sarah. Sa grossesse avait alors suscité le mauvais œil de notre matriarche. C’est ainsi que Hagar fit une fausse couche et perdit son premier enfant. Plus tard, c’est sur Yichmaël que Sarah jeta l’ayin harà. Chassé de la maison par Abraham, il tomba malade et faillit mourir en chemin (Béréchit Rabba 53,17).
Yaakov, par crainte du mauvais œil, avait recommandé à ses dix fils, de rentrer en Egypte, chacun par une porte différente, pour ne pas attirer l’attention (Idem 91,2).
Nos Sages (Sanhedrin 93a) rapportent que Hannania, Michaël et Azaria, jetés dans la fournaise par Nabuchodonosor, avaient été sauvés par miracle. Mais frappés du mauvais œil ils moururent juste après.
Les premières Tables de la Loi, elles-mêmes, qui ont été données aux yeux du monde, (bépombi) avec publicité, notoriété, ont été brisées du fait du ayin harà (Tanhouma Ki Tissa 31).
C’est aussi par ce biais que Bilaam espérait nuire aux enfants d’Israël. C’est là que résidait sa force, il sollicitait le mauvais œil. Mais D…l’en empêcha en l’obligeant à les bénir (Zohar Béréchit 68).
D’après la stricte Halakha, on pourrait faire monter à la lecture du sefer Torah deux frères, l’un après l’autre, ou le père puis son fils, mais on évite de le faire en raison du ayin harà. De même, on observera un temps d’interruption après la circoncision d’un jumeau avant de passer à celle de son frère. La Torah interdit même à l’homme de se tenir debout devant le champ de son voisin lorsque le blé est sur pied car il lui causera sans aucun doute un préjudice par le fait de son regard.
Personne ne peut prétendre mériter la générosité dont l’Eternel nous gratifie en permanence ! D’après le Zohar le fait d’accorder de l’importance à une chose éloigne cette chose du Créateur. Car toute la création s’annule devant Lui, aucune chose n’a de valeur intrinsèque. La gratifier en soi va rompre son lien avec Lui et permettre aux forces du mal d’intervenir et de frapper.
Pour le Rav Desler zatsal (mikhtav meéliahou tome 4, page 5) les âmes sont toutes liées, rattachées dans leurs racines spirituelles, et interdépendantes dans leur existence. Qu’un homme jalouse son prochain c’est comme si quelque part son existence le dérange et qu’il aurait voulu le voir dans la difficulté. Il pourrait alors le priver de ce que le Ciel avait initialement prévu pour lui et même lui causer du mal. Mais pourquoi quelqu’un serait-il puni à cause de la jalousie d’un autre ? C’est que, d’une certaine façon il est responsable des sentiments de son prochain envers lui, de par sa conduite ou son mode de vie (tapageur ou hautain par exemple).
Rav Desler rapporte aussi la Guémara Erouvin, qui conseille, à celui qui s’est enrichi, de faire avec partie de son argent une Mitsva, afin d’éviter d’être atteint par le mauvais œil. Car le mérite de la mitsva protègera ses biens et le gardera de tout dégât que pourrait lui causer le regard de l’autre.
Chabbat chalom oumévorakh